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Musique Folklorique?

Vous avez déjà entendu parler de John A. Lomax (1867-1948)? Au début du XXe siècle, il est parti sur les routes de son pays pour recueillir les musiques et les chansons des cowboys, avec l'idée qu'avec l'exode rural elles étaient vouées à disparaître si elles n'étaient pas préservées. En 1910 il a publié une anthologie, Chansons de Cowboys et autres ballades de la Frontière, qui eut un rôle fondateur pour l'identité musicale des Etats-Unis, et contribua à la naissance de la figure iconique du cowboy.

En 1940 il racontait que dès l'âge de 4 ans il se souvenait avoir entendu les cowboys jodler (pensez au chant tyrolien - ) dans la maison de son père au Texas, pendant qu'ils conduisaient le bétail vers les voies ferrées du Kansas, d'où il était acheminé jusqu'aux abattoirs de chicago. Bien qu'on pense surtout aux cowboys blancs, il est estimé qu'un quart d'entre eux étaient noirs. En particulier dans le sud-est du Texas, où beaucoup d'esclaves noirs travaillaient avec le bétail, ils continuèrent à faire ce travail après l'abolition de l'esclavage. Certaines équipes instauraient une séparation des couleurs, mais des photos d'époque montrent noirs et blancs travaillant ensemble. On fait remarquer que les conditions de travail imposaient un certaine harmonie des relations, car on ne savait jamais quand et de qui on aurait besoin d'aide sur les longs chemins de la transhumance.

John Lomax attribuait l'origine de ces chansons à la ballade anglo-saxonne, mais Don Edwards, un chanteur cowboy traditionnel, réfute cette idée. Pour lui, il s'agit d'une des premières formes de blues. "I'm a poor lonesome cowboy, I'm a poor lonesome cowboy, I'm a poor lonesome cowboy, I'm a long way from home", avec ses trois vers et sa chute, est caractéristique du blues.

Dans ce sud, sud-ouest, les cowboys étaient tout autant des blancs, parfois anciens combattants confédérés, que des noirs ou des Mexicains, et tous avaient de fortes traditions musicales, qui de sont influencées réciproquement. Les chansons qui s'apparentent au blues sont plus elliptiques, elles créent une atmosphère et transmettent des émotions plutôt qu'elles ne racontent une histoire. L'une d'entre elles, "Goodbye Old Paint", est attribuée à Charley Willis, un ancien esclave qui accompagnait les troupeaux dans le Wyoming dans les années 1870. Son petit-fils, Franklin Willis, rapporte qu'il était apprécié dans les "cattle drives", ces périples entre le lieu d'élevage et celui de la vente, parce que sa voix apaisait les bêtes. Le western "Red River" a pour théâtre ce voyage, et l'un des moments dramatiques est le "stampede", quand la panique précipite des milliers de vaches dans une course folle. Le chant avait donc aussi une fonction pratique. Et pour les hommes confrontés à une vie rude et solitaire, dans un environnement hostile, il prenait des accents de blues, qui leur parlait, les réconfortait, et les apaisait comme il aidait les esclaves. Une musique pour ceux que la vie malmène.


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